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vendredi 4 avril 2014

LA TETE ET L’ESTOMAC



Aucun régime politique ne s’est jamais vraiment révélé efficace pour apporter aux peuples la prospérité et la paix. Que ce soit la monarchie, l’oligarchie, la république, que ce soit la démocratie ou la dictature, aucune n’a apporté de solutions définitives. Pourquoi ? parce que tout simplement le système de gouvernement n’est pas le facteur essentiel. Tant que les individus auxquels on prétend l’imposer n’ont pas conscience de leurs devoirs les uns envers les autres, quel que soit le régime on assistera aux mêmes désordres, aux mêmes troubles, donc en définitive aux mêmes malheurs. Et inversement, si on tant que membres d’une société, les individus étaient à la hauteur de leur tâche, on n’aurait pas besoin de tellement réfléchir sur la meilleure forme de gouvernement.

De nos jours, c’est la démocratie qui est considérée comme le régime susceptible de répondre le mieux aux aspirations des individus, et que l’on tente d’instaurer partout dans le monde. Qu’est-ce que la démocratie ? Etymologiquement cela signifie : gouvernement (cratie) du peuple (dêmos). Et comme dans nos sociétés on a l’habitude d’opposer la démocratie à l’aristocratie, terme qui signifie gouvernement "des meilleurs" (aristos), nous allons étudier ces deux termes du point de vue de la Science initiatique.

En créant l’homme, l’Intelligence cosmique a révélé par la structure de son corps, comment toute la vie sociale doit être organisée. En haut, elle a placé la tête avec un cerveau pour penser, des yeux et des oreilles pour observer, se renseigner, e tune bouche pour s’exprimer ; et plus bas, elle a placé l’estomac qui, par son activité, maintient en vie l’ensemble de l’organisme. L’estomac est insatiable, tous les jours il ne cesse de réclamer, et c’est à la tête de savoir ce qu’elle doit lui donner, et quand et combien… Si on transpose cette organisation dans la société, on peut dire que symboliquement le peuple, le dêmos, représente l’estomac ; comme l’estomac, le peuple a une activité indispensable à la survie du pays, mais il n’est pas très éclairé non plus, il est poussé par toutes sortes de besoins, de désirs dont il réclame la satisfaction. Et à notre époque où on lui a donné toutes les possibilités de réclamer, qu’est-ce qu’il demande ? Le Royaume de Dieu et sa Justice ? Plus de lumière, plus d’amour ?... Non, l’estomac ne demande qu’à "manger" davantage, et souvent ensuite il salit et fait des dégâts partout. Le peuple, l’estomac symboliquement, n’a pas encore un idéal supérieur, parce qu’il a besoin d’une tête éclairée, lumineuse, désintéressée, et que cette tête manque. Quant à celui qui se trouve seul au sommet, s’il a les mêmes instincts que la foule qui réclame en bas, ou se laisse, par faiblesse, submerger par elle, évidemment c’est encore pire !

"Cherchez le royaume de Dieu et sa Justice", a dit jésus. Et comme le Royaume de Dieu est une monarchie, on peut dire que, idéalement, tous les pays du monde devraient être organisés à l’image de l’univers dont Dieu est le roi. Mais je ne prétends pas qu’à l’heure actuelle la monarchie serait préférable à la république, non, je m’en tiens uniquement au plan des principes. Puisque l’estomac est aveugle, on ne doit pas lui donner le pouvoir ; mais si la tête est ignoble, on ne doit pas le lui donner non plus. Donc, comprenez-moi bien, je raisonne sur des principes. Que le peuple gouverne, d’accord, mais à condition qu’il soit éclairé ! S’il n’est pas éclairé, il ne doit pas gouverner. De même, si la tête est obscure, ignorante, cruelle, elle n’a pas à gouverner. D’ailleurs, c’est la tête souvent qui fait les plus grands dégâts, ce n’est pas l’estomac.

Etre un véritable aristocrate, ce n’est pas seulement posséder un nom, un  arbre généalogique, des titres de noblesse, des terres, amis faire preuve d’honnêteté, de générosité, de force de caractère. Si le gouvernement démocratique est maintenant considéré comme le plus souhaitable pour le bien des peuples, c’est que l’aristocratie s’est compromise. Mais, malheureusement, ce n’est pas la suppression des rois, des empereurs, des tsars, qui a automatiquement rendu les peuples plus heureux. Car beaucoup de ceux qui ont pris le pouvoir, même dans les pays communistes, répètent les crimes des anciens seigneurs. Alors, de nouveau il y aura une révolte, et ils seront balayés, parce qu’ils ne sont pas à la hauteur : ils ont oubliés qu’ils avaient renversé la monarchie et supprimé les privilèges pour faire régner un idéal de fraternité et de justice. Tant qu’on n’a pas de pouvoir, il est facile de se croire animé par un idéal extraordinaire, mais après ? Parler de justice et de bonheur pour le peuple, cela ne suffit pas. Tout le monde est capable de bien parler, mais combien y en a-t-il qui, parvenus à la tête de l’Etat, se préoccupent beaucoup de réaliser leurs promesses ? Il faut être capable de tellement de patience, d’endurance et d’abnégation pour gouverner ! Car avoir le pouvoir est une chose, mais gouverner en est une autre.

Dans la Rome antique le peuple réclamait du pain et les jeux du cirque, et on cite ce détail tellement célèbre de l’histoire romaine comme si aucun autre peuple n’avait jamais fait ce genre de réclamations, mais sous une autre forme. Ils les ont actualisées, "modernisées", c’est tout, mais ce sont les mêmes : manger et se divertir. A l’heure actuelle, les "jeux du crique", ce sont les spectacles et toutes ces fêtes qu’on organise, le cinéma, et surtout la télévision ; les distractions ne manquent pas ! Il s’agit toujours de contenter la même nature inférieure qui a besoin d’amusements plus ou moins grossiers, violents ou scabreux, et pour laquelle on ne cesse de trouver des nouvelles nourritures. Encore une fois je vous le demande, combien de gens réclament le Royaume de Dieu et sa Justice ? Combien réclament la lumière, la pureté, la vérité, la bonté ? Tout tourne autour de l’argent, de la nourriture et des plaisirs.

Parmi les réclamations des humains, la liberté est une des rares qui soit de nature spirituelle. Mais telle qu’ils la comprennent, cela revient toujours à avoir plus de possibilités pour perdre son temps, s’amuser, faire des folies et nuire ainsi à soi-même et aux autres. Qui pense à être libre pour consacrer son temps à des travaux sublimes ?

"Comment ? direz-vous, être libre pour travailler" ? Mais oui ! Et tous ceux qui s’imaginent qu’être libre signifie seulement ne dépendre de rien ni de personne courent les plus grands dangers. Comme ils ne remplissent pas leur âme et leur esprit par l’idée d’un travail divin, il y a partout en eux des endroits vides, et c’est par là que s’engouffre tout ce qui est chaotique, ténébreux. Ils souhaitent être libres, mais dans des conditions telles qu’ils sont bientôt submergés par des forces hostiles qu’ils ne connaissent pas. Tous ceux qui n’ont pas un but divin, un idéal sublime, le diable leur trouve des occupations : des folies, des passions, des aventures insensées… Oui, parce qu’ils sont libres ! Pour être vraiment libre et en même temps à l’abri, il faut être engagé, rempli, occupé par le Ciel. Le vide n’existe pas, c’est pourquoi il faut se dépêcher de ne plus être libre, se mettre à la disposition des forces célestes qui travaillent à la venue du Royaume de Dieu, et travailler avec elles.

Pour beaucoup, la liberté est un bien si précieux qu’ils sont prêts à donner leur vie pour elle. Malheureusement, cette liberté à laquelle ils tiennent tellement, ils ne l’ont pas encore comprise. Ils refusent l’asservissement à une puissance étrangère, bon, c’est entendu. Mais supposez que cette puissance soit le Ciel, le monde divin… est-ce qu’il n’est pas mieux d’être envahi, gouverné, dirigé par un "pays" si éclairé et plein d’amour ? Eh oui, c’est beaucoup mieux, sinon on ne sort d’une servitude que pour tomber dans une autre. Regardez : une nation réussit à se libérer de la domination d’un voisin, mais immédiatement après ce sont les citoyens de cette nation enfin libérée qui essaient de s’imposer les uns aux autres, de s’asservir mutuellement et ils se massacrent !

C’est une bonne chose d’acquérir et de protéger son indépendance, mais la liberté physique ne doit jamais précéder la liberté intérieure, parce que c’est justement la liberté physique qui donne les possibilités de tomber dans les pièges. Combien de fois on l’a vu ! Beaucoup se croient libres parce qu’ils ne sont pas en prison ou esclaves quelque part ; oui, mais intérieurement ils sont obligés de servir des tyrans. S’ils étaient capables de s’analyser, ils constateraient que tous les choix qu’ils croient avoir faits librement sont en réalité dictés par certains désirs, certaines passions qui dominent en eux et auxquels ils ne peuvent pas résister. Ce n’est donc qu’une liberté trompeuse. Que de luttes les humains ont menées dans le domaine sociale ou politique ! C’est dommage qu’ils n’aient pas fait les mêmes efforts, qu’ils n’aient pas entrepris les mêmes combats pour être libres spirituellement.

Bien sûr, depuis des millénaires que les hommes essaient de vivre en société, ils ont réussi par le tâtonnement, à réaliser un peu quelque chose qui s’approche de ce modèle voulu par le Créateur. Il y a toujours ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés, mais ils sont rarement à la place où ils devraient être. Ce qui manque, c’est le véritable respect de l’ordre cosmique dans l’homme lui-même et dans la société, et cet ordre ne peut être réalisé dans la société que si chaque individu le réalise en lui-même. Moi, je ne néglige pas "le peuple" en moi, je le nourris, je le soigne, je le nettoie. Ah oui, chez moi le peuple est très bien soigné, mais il y aune "aristocratie" à laquelle il doit obéir. Je ne lui permets pas de chanter comme en 1789 : "Ah ! ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra". Mon peuple ne chante pas des chants pareils contre ce qui représente en moi l’aristocratie ; au contraire, il la respecte, il l’écoute, lui obéit, parce qu’elle est à la hauteur.

Vous direz : "Mais c’est dangereux, ce que vous nous racontez là ! Si maintenant vous prêchez pour l’aristocratie et condamnez la démocratie, c’est dangereux". Ce qui est dangereux, surtout, c’est que vous ne sachiez pas interpréter les symboles que je vous présente. Quand je dis qu’il est souhaitable de rétablir une aristocratie éclairée plutôt que de se diriger d’après les critères et les goûts d’une foule ignorante, je ne parle pas de classes sociales. Je sais très bien que dans le peuple il y a de véritables aristocrates, des êtres qui ont l’idéal et les aspirations les plus élevés. J’en ai rencontré, des ouvriers, des paysans et d’autres qui n’avaient ni titre, ni généalogie glorieuse, ni diplômes, rien, mais par leur façon d’être et de s’exprimer tellement digne, généreuse, désintéressée, ils étaient des aristocrates magnifiques. Est-ce que vous commencez à me comprendre ?


En réalité, je ne suis ni pour l’aristocratie ni pour la démocratie, mais pour cet ordre qui existe dans l’univers et dont la structure de notre corps physique est l’expression. Ce n’est pas la peine d’aller chercher des théories compliquées. Si l’Intelligence cosmique n’a pas placé l’estomac sur les épaules ni la tête dans les pieds, c’est qu’il y a une raison. Donc, si les humains continuent à faire comme si l’estomac était au sommet et la tête on en sait où, on assistera toujours aux mêmes pagailles. Oui, car il existe un ordre universel et les affaires du monde ne s’arrangeront pas tant que cet ordre ne sera pas installé. Quelques changements dans le domaine économique, financier ou politique ne suffiront jamais pour résoudre les problèmes ; ce sera toujours la même histoire, toujours la même boue. On verra passer des républiques, des monarchies, des démocraties, des dictatures avec leurs guerres et leurs révolutions… jusqu’au jour où l’on comprendra enfin ce qu’il faut changer. 

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