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samedi 17 janvier 2015

LES LOIS DE LA DESTINÉE


Binah est la première séphira sur le pilier gauche de l'Arbre séphirotique, le Pilier de la Rigueur, nommé Boaz, qui représente le principe féminin dans la création. Dieu s'y manifeste sous le nom de Jéhovah. C'est Lui le Dieu terrible qui s'est révélé à Moïse. Tout l'Ancien Testament retentit de ses colères, de ses menaces et des malédictions qui devaient frapper les humains jusqu'à la quatrième génération. C'est à ce feu dévorant que les Hébreux offraient sans cesse des sacrifices d’animaux pour L'apaiser; et Moïse, ainsi que tous les patriarches et les prophètes, Lui adressaient des supplications pour détourner les châtiments dont Il menaçait le peuple.

Vous vous demandez: « Mais comment ce Dieu terrible peut-Il être une puissance féminine? » Parce que cette puissance féminine, c'est la nature. Vous comprendrez mieux cette idée si vous réfléchissez à ce qu’est réellement la nature: une mère implacable. La nature a créé des lois et si vous les transgressez, vous êtes puni d'une façon ou d'une autre; et même, par voie de conséquence cette punition frappera vos enfants et vos petits-enfants. Oui, en réalité tout cela est très facile à comprendre. Prenons un exemple parmi les plus connus: l'alcoolisme. Pour conserver sa santé physique et psychique, l'homme ne doit pas absorber plus d'une quantité limitée d'alcool. S'il dépasse la mesure, vous connaissez les conséquences - il est inutile que j'entre dans les détails - et il transmet à sa descendance une hérédité chargée. Il en est de même pour d'autres excès, pour d'autres transgressions.

Quoi qu'on fasse, quels que soient les progrès des sciences et des techniques médicales, si l'homme n'est pas raisonnable, s'il ne respecte pas certaines lois, d'une façon ou d'une autre il souffrira et fera souffrir les autres.

Combien se sont indignés de la cruauté d'un Dieu qui punissait non seulement celui qui avait transgressé ses lois, mais aussi sa descendance! Eh bien, voilà, maintenant c'est clair: ce Dieu, c'est la nature, car la nature n'est pas en dehors de Dieu, elle n'est pas séparée de Dieu. Dieu est cette mère sévère qui pose à ses enfants des limites à ne pas dépasser. S'ils les dépassent,  on dit qu'elle les punit. Mais non, c'est eux qui sont sortis de l'enceinte où ils étaient à l'abri et protégés, et en sortant ils ont créé de mauvaises conditions pour eux et pour tous ceux qui dépendaient d'eux.

On dira peut-être: « Mais cette image de la mère que vous nous donnez, ce n'est pas celle que nous avons. Au contraire, une mère est aimante, indulgente, etc., c'est du père que vient la sévérité. » Vous n'avez pas assez  bien observé ni bien réfléchi. Quel est le rôle de la mère auprès du petit enfant? Elle le nourrit, bien sûr, mais elle lui apprend dès que possible ce qu'il doit faire et ne pas faire pour se développer correctement: elle lui donne des règles de nutrition, d'hygiène, de prudence; elle le prive, elle le retient, elle l'empêche de trop s'approcher du feu ou de l'eau, lui retire des mains les allumettes et les objets coupants, cache les bonbons et la confiture s'il a tendance à en abuser. Quelquefois elle le laisse un peu faire en le surveillant, et s'il tombe et se fait mal, elle lui dit: « Tu vois, tâche de ne pas recommencer, sinon tu te feras mal à nouveau. » Et quand vraiment il exagère et fait des caprices, elle le punit.

Ce rôle de la mère auprès du petit enfant, c'est, sur un autre plan, celui de la nature vis-à-vis de l'être humain. Certains diront: « Mais moi, j'ai vu des pères tenir ce rôle auprès de l'enfant, parce que les mères... » Moi aussi je l'ai vu, mais je vous parle là de principes et non de cas particuliers. Au niveau des principes, c'est la mère qui joue dans l'éducation du petit enfant le rôle de la nature.

Voilà comment il faut comprendre le rôle de la Mère cosmique, qui se manifeste dans la séphira Binah sous l’aspect de Jéhovah. C'est la séphira Binah qui nous révèle les mystères de la destinée parce qu'elle nous éclaire sur la loi des causes et des conséquences. Combien de gens pensent que l'existence est absurde, qu'il n'y a aucune logique dans les événements et la destinée des êtres! C'est seulement parce qu'il leur manque les éléments pour voir et comprendre. Ces éléments sont dans Binah où travaille la hiérarchie angélique des Aralim (les Trônes) que saint Jean a vus sous la forme de vingt-quatre Vieillards. On les appelle aussi les Seigneurs des destinées parce que c'est eux qui déterminent le destin de chaque être selon ses mérites, d’après la vie qu’il a menée dans ses précédentes incarnations, et leurs décrets sont  exécutés par les anges des séphiroth suivantes: les anges de Hessed, les Hachmalin, apportent les récompenses, et les anges de Gébourah, les Séraphim, les châtiments. Qu'est-ce que le destin?

Une forme archétype et chacun vit son existence d'après la forme qu'il a reçue de la destinée. Ce sont les Vingt-quatre Vieillards qui décident de ces formes. Les Vingt- quatre Vieillards représentent le tribunal divin qui édicté les décrets concernant les formes des destins, et les formes  physiques que nous voyons sur la terre sont le lointain reflet des formes décrétées en haut. C’est une de ces formes archétypes qui est projetée dans la femme qui porte un enfant, et c’est à partir de cette forme qu’elle devra travailler. Une fois les formes décrétées, c'est fini, rien ne peut plus les changer, elles descendent dans la matière pour s'y réaliser.

Pour pouvoir changer le destin, il faut donc changer les archétypes, sinon rien à faire. On aura beau aller consulter les astrologues pour pouvoir prendre des précautions et échapper aux épreuves et aux difficultés, rien à faire, tout est prévu pour que « ce qui est écrit » s'accomplisse. Pour changer les décrets, il faudrait pouvoir atteindre les régions au-delà de Binah, c'est-à- dire au-delà du destin, les régions de Hohmah et de Kéther. C'est possible, il a existé des êtres exceptionnels que leurs vertus ont affranchis des lois de la destinée.

Mais quel travail avant d'y parvenir! Pour nous, le seul moyen de nous concilier les Seigneurs des destinées, c'est d'accepter leurs décrets avec humilité et amour, en sachant qu'ils sont justes, parce qu’ils sont la conséquence de nos incarnations passées. Le plus sage est de considérer les difficultés et les épreuves de cette existence comme des problèmes à résoudre en sachant qu'ils représentent pour nous le meilleur moyen d'évoluer.

Le caractère inflexible de Binah se retrouve dans le symbolisme de Saturne qui est représenté comme un vieillard, ou même parfois un squelette, armé d'une faux. La faux de Saturne, c'est le temps qui détruit tout et le squelette, c'est ce qui résiste au temps: l'éternité. Saturne représente donc les deux aspects. Au-delà de la chair, c'est-à-dire du monde des apparences que le temps (la faux) ne cesse de détruire, on trouve le squelette indestructible: l'éternité.

Mais combien de réflexions, de méditations, pour arriver à cette compréhension des choses qui permet de passer du temps à l'éternité! Saturne parle peu et écoute beaucoup, parce que savoir écouter et entendre va avec la compréhension. Et d'ailleurs, c'est le sens du mot « entendement ». Celui qui sait écouter est toujours sur la voie de la compréhension. On peut dire que l'entendement est la compréhension de ce que nous écoutons. La qualité de Saturne, c'est de savoir écouter, et non seulement écouter ce que nous disent les sages ou les bruits de  la nature, mais percevoir quelque chose de plus: la voix intérieure. A ce moment-là, tout ce qui est le plus subtil, tout ce qui vient de la profondeur de l'être, la voix de l'intuition, la voix de Dieu, la voix du silence, comme on dit, parvient jusqu'à nous. Voilà pourquoi les vrais Saturniens aiment beaucoup s'éloigner du bruit pour aller dans les lieux solitaires écouter la voix du silence, celle qui leur permet de s'affranchir des lois du temps pour entrer dans l'éternité.


Omraam 

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